Aujourd’hui, je vais vous parler de photo de rue. Enfin pas réellement de photo de rue comme scène de vie, ou comme témoignage d’un événement, mais ici je vais vous parler de celles et ceux qui font vivre la rue : toi, moi, vous ! J’avais déjà tenté l’expérience l’année dernière dans les rues de Dijon. Le but était d’aborder les gens en leur demandant de poser pour moi quelques minutes.

Étant relativement timide dans la vraie vie réelle avec des vrais gens dedans, la mission a été un réel échec. Pas moyen d’aborder les gens, souvent en groupes, et donc socialement en position de force. Le cerveau est vraiment mal foutu, on se bourre de préjugés, en fonction de sa vie, de ses concepts ou de sa propre éducation … Et finalement je suis rentré bredouille avec quelques photos banales, ou floues, mais ce n’était pas mon dernier mot !

portrait groupe rue Besançon

La plupart des gens sont sympas

Si vous abordez les gens dans la rue, Il y a de grandes chances que vous soyez confrontés à un refus, le « Non » ou « Non merci » pour les plus polis. Je ne dis pas ça pour vous décourager. Ce qu’il faut savoir, c’est que la plupart du temps les gens sont pressés, ils ne sont pas forcément dans la rue pour traîner, ou rencontrer des gens pour discuter. Courses à faire, cadeau à acheter, repas à préparer… notre vie est dirigée par un chronomètre.

Cependant en demandant la permission avant de shooter, vous limitez les risques de prises de tête avec des personnes dont « le droit à l’image au combien importante » ne mérite pas d’être capturé par un photographe à deux balles. Attention je suis un fervent défenseur des photographes de rue, mais le « portrait » et la « photo » de rue, sont deux types différents de photographie.

Au milieu de ces refus, si vous tombez sur une personne qui a un peu de temps dans son planning, il y’a de grande chance qu’elle accepte de poser pour vous le temps d’une petite explication dans votre démarche, et pourquoi pas un échange de mail, ou de carte de visite. Cela vous permettra d’envoyer la photo à la personne, et ainsi vous créer des contacts.

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Scott Schumann de The Sartorialist est un expert en la matière. Regardez la petite vidéo ci-dessous, vous verrez comment il aborde les gens, tel un gentleman. Il recherche les looks des inconnus dans la rue et les photographie, en quelques minutes.

D’après mon expérience, et d’histoires qui m’ont été rapportés, il semblerait que la France et les français, soient beaucoup moins disposés à ce genre de pratiques. Les américains, et pays latins sembleraient bien plus accueillants avec les photographes. Si vous avez une expérience, une histoire dans un autre pays à partager, n’hésitez pas à en parler dans les commentaires !

portrait rue Besançon

Quelques astuces pour aborder un/e inconnu/e

Mais revenons en à nos moutons. Il y’a tout de même quelques petits trucs qui vous aideront à repérer les gens dans la rue, et à les aborder de manière à les amener dans une zone de confort qui vous permettrait de capturer leurs portraits :

– Soyez toujours poli et souriant. Le but je vous le rappelle et de prendre une personne en photo de manière respectueuse et de lui offrir une belle image d’elle même. Si vous les abordez en faisant la gueule, je ne suis pas sur que la démarche soit fructueuse pour vous.

– Repérerez les personnes avec un look intéressant, voir original. Ces personnes sont plus à l’aise avec leur image, et seront donc plus aptes à répondre à votre appel.

– Profitez de ce style pour flatter la  personne que vous souhaitez photographier. « Votre coupe de cheveux est vraiment sympa, vous permettez que je vous prenne en photo ? » sera toujours agréable à entendre. On entre finalement dans une sorte de jeu de séduction, pour que la personne se sente bien avec vous.

– N’oubliez pas de choisir votre lieu de prise de vue. Une rue étroite avec des poubelles ne sera pas forcément un atout pour vendre votre prestation. Choisissez un centre ville, si possible historique, ou un lieu moderne. Pensez encore et toujours à votre arrière plan. Je le répète souvent, mais moi même je l’oublie encore trop régulièrement. Un petit parc à coté d’une rue passante ? Un pont avec vue sur la ville ? Une grande porte colorée ? N’hésitez pas à vous déplacer pour avoir des photos différentes lors de votre session

portrait rue Besançon

– Si possible, faites quelques photos tests avant de commencer votre séance, afin d’avoir la bonne exposition dès le départ, et corriger rapidement par la suite. Je vous rappelle que la personne en face vous n’a que quelques minutes à vous accorder, il ne faut pas que cela se transforme en calvaire interminable pour votre sujet.

– Si vous arrivez à accrocher la conversation, expliquez votre démarche. Ou inventez-en une (avec parcimonie). Expliquez que vous êtes professionnel, et que vous souhaitez étoffer votre book. Racontez que vous prenez des cours de photos, et que vous avec comme exercice de rapporter à votre école, ou votre club, des portraits d’inconnus afin de développer votre technique. Vous pouvez également tenter l’humour avec des petites phrases d’accroche, si la personne sourit, il y’a des chances que le courant passe.

– Ayez sur vous un calepin pour noter des adresses mail, des numéro de téléphones, et vos cartes de visites. La personne photographiée, si vous ne lui proposez pas, vous demandera sûrement une copie de la photo. Cela vous permettra par la suite de demander l’autorisation pour une publication, et permettra de faire connaître votre travail.

Malgré tout cela, si cela ne marche pas, n’oubliez pas qu’il y’a des tas des personnes autour de vous qu continuent de passer, et vous pourrez réessayer avec quelqu’un d’autre.

portrait rue Besançon

L’exemple par la pratique

Début mars, suite à l’invitation du photographe Nicolas Logerot, nous avons tenté l’expérience un samedi ensoleillé dans les rues de Besançon. Nous étions équipés de nos boîtiers respectifs, ainsi que d’un flash cobra monté dans une boite à lumière 70×70. Le but était clairement d’annoncer la couleur : nous sommes photographes. L’avantage était d’avoir à tour de rôle un assistant pour le positionnement de l’éclairage.

Beaucoup de gens étaient intrigués, mais malgré cela beaucoup de refus à notre première question « ça vous dirait un portrait ? » mais les jeunes étaient plutôt attirés par la possibilité d’avoir des photos de pros dans la rue.

Nous avons pas mal marché dans la journée, et réussi à faire quelques portraits vraiment sympas. Nicolas a même réalisé une petite vidéo avec ses portraits (et même ma trogne), allez c’est cadeau :

Je vous mentirais si je vous disais que c’était super bien. Non ce n’était pas super bien, car beaucoup de stress, beaucoup de refus, beaucoup de travail pour peu de résultat. Mais c’est une bonne expérience, très formatrice, tant dans la photographie (prendre des portraits de qualité, en quelques minutes) que dans le rapport à l’autre, et l’échange social. Mais je vous mentirais également si je vous disais que cela ne m’a pas plu. Je pense bien réessayer l’expérience, améliorer ma technique afin d’avoir moins de refus, plus de confiance en moi.

Je vous conseille de partir à deux ou trois maximum pour vos premières fois. Cela vous permettra de discuter pendant la marche, d’aborder les gens plus aisément si comme moi vous êtes timides. Si les questions de droit vos posent problème, je vous conseil aussi d’aller faire un tour sur le site de la très sympathique Joëlle Verbrugge et notamment cet article sur le droit à l’image des personnes prises en photo dans la rue. Cependant si vous vous reconnaissez sur une de ces photos d’illustration, n’hésitez pas à me contacter.

Source et merci à Fabrice pour la relecture.