J’ai pu essayer ce dimanche la chasse photo dans la nature sauvage avec des animaux dedans. Tous les ans, l’union régionale de la Bourgogne (UR24) organise une sortie regroupant tous les clubs de la région affiliés à la Fédération Photographique de France (FPF). Cette année la rencontre avait lieu dans le parc de Boutissaint au fin fond de l’Yonne.

Arrivé sur le parking, on croise déjà des photographes, lourdement équipés de leurs 400mm et 500mm nikkor (les enfoirés) qui avaient certainement passés la nuit et le petit matin dans le parc. Certainement des pros, en tout cas bien plus que nous avec nos petits téléobjectifs.

le parc est énorme, environ 400 hectares de domaine, avec un parcours de 10 km, et en réalité 100 km de ballades. Nous avons donc commencé la mâtine par une petite ballade autour des enclos. 1/10 du parc est en effet clôturé, permettant aux promeneurs du dimanche d’approcher les animaux de la forêt qui, habitués à la présence humaine, sont peu craintifs. J’en entends encore certains se plaindre de la facilité de la prise de vue. De ce que j’ai compris, certains clichés pris ce week-end nécessite un bonne connaissance, et une bonne pratique en chasse photo pour les réussir en conditions « réelles ».

J’avoue que cette mise en bouche est finalement très sympa, surtout entouré de photographes ayant de l’expérience en photo naturaliste. Après quelques plantage de monopod (et de chaussures) dans la tourbe, nous arrivons dans un renfoncement de bois où se trouve un cerfs allongé dans une clairière, cette fois-ci de notre côté et à proximité de la clôture. Il brame en matant les biches à l’intérieur de l’enclos. Et ouais mon gars, ce soir tu vas te la mettre sur l’oreille  😆

Nous en profitons donc pour le photographier, tout en respectant une distance de sécurité, puis nous finissons de faire le tour de l’enclos. Il est déjà 13h, et le ventre commence à gargouiller. Après une pause déjeuner/sandwich/Rosé du Jura 😀  nous repartons à l’enclos des sanglier que nous n’avons pas encore vu.

Et puis commence la partie délicate, les 9/10 restant du parc, la chasse aux animaux « en liberté ». C’est une toute autre approche pour moi. Traquer l’animal, le pister, en espérant le croiser, et le photographier dans son habitat naturel. C’est autrement plus grisant que de photographier à travers des grillages, mais c’est également bien plus corsé.

Nous partons donc en troupeau avec le club de Dijon (bon à 5 ça va encore), puis au fur et à mesure de la ballade le groupe se disperse. Jonas et son frère partent on ne sais où, flairant certainement une piste. Je continue le chemin avec Alain et Pat notre président. Petite anecdote, Pat a décidé pour faire son originale, d’utiliser une lunette astronomique de 600mm en tant que téléobjectif. Mise au point mini de 5 ou 6 mètres, ouverture a F/11, tout pour se faciliter la vie en fait. Pourtant il a réussi quelques clichés, comme quoi avec les connaissances et l’expérience, on peut faire de belles photos avec n’importe quel objectif.

Puis nous nous avons continués notre route avec Alain, laissant Pat et sa lunette de sniper en couverture. Au bout de quelques mètres nous tombons nez à nez avec un cerf, qui nous a repéré en 2/2 et qui du coup s’est fait la malle.

Après une heure de marche, et après avoir traversé le domaine dans sa longueur, nous apercevons une paire de biches qui gambade au loin. Trop rapide, trop loin, difficile de prendre un cliché. Après s’ensuit encore 1h30 de marche, a pister, à fureter, à être aux aguets, sans grande réussite. Ce que j’en déduis, et qui apparaîtra comme une banalité pour les photographes animalier : Le début d’après midi, c’est la sieste, même pour la nature.

Ce qui est surtout le cas à cette période où les joutes des mâles en rut fatiguent pas mal nos bestioles de la forêt. Par dépit nous décidons de retourner au parking, car il y’a encore 2h de route pour rentrer à la maison.

C’est alors que sur le chemin du retour, nous apercevons un cerf, et décidons de le prendre en chasse. Alain part sur la droite, tandis que je colle au train de la bête, à 50 / 60 mètres. Forcément pour simplifier le tout, il se planque dans les hautes fougères, ne permettant de voir que les bois se déplacer. Je décide de m’approcher, lorsque soudain j’entends de forts claquement de sabots. Le gros décide de bouger dans ma direction, puis d’un coup il dévie de sa direction et part du coté d’Alain : Le stress.

En fait les biches n’étaient pas loin, et ni une ni deux, je rejoins Alain vers le sous bois où les animaux se sont installés. Nos déplacements sont lents et silencieux, tels des ninjas, et nous arrivons à capter entre les arbres, le cerfs qui rôde non loin de sa biche. Puis les animaux s’éloignent, nous sommes tout de même content de ne pas être rentrés bredouille de cette après midi.

Tous ces clichés ont étés réalisés avec le 70-200mm f/2,8 couplé au télé-convertisseur Kenko 1,4x, ce qui m’a permis avec la multiplication du capteur APS-C d’avoir une focale de 150-448mm f/4 en équivalent 24×36. Ce qui est pas mal du tout pour faire ce genre de photos. j’avais également mon monopod en support du matériel, ce qui permet de se stabiliser et de nettement moins avoir de déchets « techniques » (flous de bougés principalement) surtout lorsque le matériel n’est pas stabilisé.

Concernant un peu la technique photo, la foret c’est galère. Par une belle journée ensoleillé comme celle-ci, la lumière globale est assez élevé pour éviter de trop monter dans les ISO. Par contre le moindre rayon de soleil vient cramer des parties de l’image. La mesure de la lumière en mode « spot » risque donc d’être utile dans ce cas. L’usage du monopod n’est pas anodin, surtout avec un objo non stabilisé, et avec des focale dépassant les 200mm. Enfin si l’expérience vous tente, prévoyez du stockage. Vous allez certainement produire beaucoup de « déchets » entre les mises au point sur les arbres plutôt que les animaux, et les multiples déclenchements en espérant voir un bout de museau.

Voila un peu de mon expérience dans la nature avec des animaux dedans. C’est vraiment intéressant, et ce parc me semble être une bonne première approche avec ce genre de photographie. De ce que j’ai cru comprendre, il faut au moins un an d’approche pour espérer faire ce genre de clichés dans la nature sauvage. Les animaux sont plus craintifs, et plus alertes, ce qui rend la prise de vue encore plus délicate.

Pour autant que ce soit en parc ou en nature, je vous recommande fortement d’être accompagné d’un photographe, ou même d’un chasseur, ayant l’expérience du terrain, et qui saura vous guider, et éviter les pièges des débutants. Au mieux, seul vous risquez de rentrer bredouille, au pire de vous faire charger par un animal non content de votre nouvelle compagnie.