A scanner Darkly Bob Arctor

Dans un futur indéterminé (« à sept ans de notre époque »), la drogue est devenue le principal produit économique, et le principal fléau de la société. La société New Path a basé son succès commercial sur ses technologies très avancées, et ses capacités à rendre une vie normale aux consommateurs du plus terrible psychotrope à ce jour, la « substance M », pour substance Mort (substance D pour Death en Vo). Fred, Agent de New Path, possède leur avancée technologique la plus impressionnante : une combinaison qui empêche de discerner réellement son visage et son corps, sorte de mosaïque d’apparence. Cet anonymat permanent est son outil de travail, et permet de ne pas craindre les fuites.

Il est affecté à la surveillance vidéo d’un groupe potentiellement impliqué dans le trafic de la substance M, l’entourage de Bob Arctor. À l’insu de tous, caché derrière son anonymat, lui seul sait qu’il est lui-même Bob Arctor, également accro à la substance M. Alors qu’il se plonge dans cette surveillance vidéo, obligé de se surveiller lui même, il commence à confondre hallucinations et réalité, tandis que sa hiérarchie commence à nourrir des doutes sur son addiction.

A scanner Darkly

Adaptation d’un roman de Philip K.Dick, plus connu du grand public pour des chefs d’œuvres tel que Blade Runner, Minority Report, Total Recall, on reconnait la patte S-F visionnaire et tourmenté de l’auteur. K.Dick a d’ailleurs injecté dans son travail d’écrivain énormément de son vécu, jalonné d’échecs sentimentaux, de cycles paranoïaques et schizophréniques liés à sa consommation effrénée d’amphétamines. Il touche le fond en 1970 lorsque, abandonné et seul, il ouvre sa maison à tous les camés d’Orange County. Son roman A Scanner Darkly (publié ici sous le titre Substance Mort) s’inspire de cette triste période.

Le film en lui même, a été pas mal discuté pour son aspect graphique. Le film a d’abord été tourné normalement avec de vrais acteurs (et pas des moindres) puis retouchés par rotoscopie (propriété du réalisateur Richard Linklatter) qui rappel les premiers jeux vidéos avec des vrais acteurs, ou encore une sorte de cell-shading. Pour une fois, c’est le scénario qui est mis à l’honneur, là où les romans de K.Dick sont généralement transposés à l’écran par leur coté « action ». Et c’est carrément agréable de suivre se polar qui semble se passer dans un univers parallèle au notre.

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Coté casting, comme je le disais plus haut, on retrouve du bon, du très bon même, avec un Keanu Reeves en Bob Arctor / Fred, à  qui le coté chien battu psychotique va si bien (Matrix, Constantine), nous avons également Woody Harrelson (Tueurs nés, Larry Flint), Robert Downey Jr (Iron Man, Sherlock Holmes) et Rory Cochrane (Empire Records, Public ennemies) en compagnons complètement déjantés de Bob. Donna la dealeuse et petite amie de Bob est jouée par Wynona Rider (Edward aux mains d’argent, Alien 4).

Un film donc à voir si vous êtes fan de Science fiction et de Polar, qui pourra plaire ou déplaire à cause de son visuel décalé, qui pour autant nous plonge complétement dans l’angoisse et la paranoïa du personnage principal. Un film trop peu à mon gout, et qui mérite largement le détour?

note : [rating stars= »6″]

connaître la S-F impose de faire une halte à la case Philip K. Dick pour puiser directement à la source littéraire (Le Maître du haut château, Ubik) et / ou emprunter les chemins de traverse qu’ont représentés les meilleures transpositions cinématographiques de son univers aussi visionnaire que tourmenté (Blade Runner, Minority Report, Total Recall). Dans leur ensemble, ces films ont su conserver une part de la tonalité « Dickienne » tout en privilégiant le spectaculaire contemplatif ou fortement actif. Or, son oeuvre a davantage marqué par son pessimisme affolant du futur proche (parfois prophétique d’ailleurs), s’appuyant sur une mise en doute de la réalité et une dissolution de l’identité.